Les fleurs comestibles au jardin : par quoi commencer quand on débute ?

Sur notre compte instagram, je partage régulièrement l’évolution du jardin au fil des saisons. Petit jardin où nous cultivons des fleurs & plantes comestibles pour notre usage personnel ou pour nos événements traiteur avec Maison Racine. Vous êtes nombreuses.x à nous poser des questions en retour ou à être intrigués par le fait de manger des fleurs.

Parce que oui, certaines fleurs se mangent et mettent du soleil dans les assiettes. En plus d’être gourmandes et médicinales pour certaines, elles font le bonheur des insectes et des oiseaux.

Avec ces quelques conseils très simples, vous pourrez facilement en cultiver quelques-unes chez vous !

Avant de commencer, il me paraît important de rappeler quelque chose : tout le monde peut cultiver des fleurs comestibles. Que vous ayez un mini jardin ou un petit balcon, la plupart des fleurs comestibles que l’on va évoquer n’ont pas besoin de beaucoup d’espace et se plaisent aussi bien en pleine terre qu’en pot (leur développement sera simplement plus limité).

De plus, nul besoin d’avoir la main verte pour les cultiver. Je ne l’ai pas non plus moi-même. Le peu de connaissances que j’ai, je les tiens en grande partie de Anne-Laure de l'Herbacée qui m’a transmis le virus des fleurs comestibles. Si vous êtes de la métropole lilloise, je ne peux que vous recommander de vous rendre dans sa ferme florale, qui est une merveille pour les yeux autant que pour les papilles.

De mon côté, je ne suis pas productrice, je ne comprends rien aux termes techniques sur les sachets, je suis toujours en retard dans mes semis & passées les premières semaines d’arrosage, je laisse mes fleurs vivre leur vie. L’année dernière, nous avons cruellement manqué d’eau et je n’ai pas arrosé, j’ai donc eu très peu de fleurs (la plupart des photos de cet article datent de l’été 2021) mais cela a suffi à nos besoins en traiteur, alors cela suffira bien largement aux vôtres si vous n’êtes pas professionnel.

Avant de vous laisser à la suite de l’article, je rappelle la règle numéro 1 en cueillette : si on ne sait pas ou si on a le moindre doute, on s’abstient. Toutes les fleurs ne sont pas comestibles et certaines sont toxiques. Il y a aujourd’hui beaucoup d’applications, de vidéos et de livres pour aider à la reconnaissance, et les fleurs que je vais citer sont aussi très simples à reconnaître. Mais si vous n’êtes pas à l’aise, faites confiance à un(e) professionnel(le) comme Anne-Laure et commencez par acheter des fleurs cultivées pour vous, afin de vous familiariser avec elles.

Conseil numéro 1 :

Commencer petit.

Si vous me lisez, j’imagine que vous n’êtes pas producteur(trice) de fleurs et que prévoyez d’en planter pour votre consommation personnelle et celle des petites bêtes qui peuplent nos jardins. Autant dire qu’un petit coin du jardin & quelques graines de chaque variété de fleurs suffiront.

En parlant de graines, on vous réserve une petite surprise sur instagram alors restez dans le coin !

Soyez vigilant(e) quand vous achetez vos graines ou vos plants, la plupart des fleurs citées dans l’article peuvent être vendues en jardinerie en tant que fleurs ornementales & sont bourrées de produits chimiques. On fait confiance de notre côté à la Ferme de Sainte Marthe ou Kokopelli qui proposent des semences libres et reproductibles, & qui ont tous les deux un onglet Fleurs comestibles pour gagner du temps dans vos recherches.

Si ça vous dit d’en savoir plus sur les graines libres et reproductibles, en comparaison aux variétés F1 hybrides du commerce, on vous conseille ces deux épisodes de Où est le bon #1 et #2

N’hésitez pas également à demander à vos proches : si vous avez un(e) ami(e) jardinier dans votre entourage, il y a de fortes chances pour que ses placards débordent de graines !

Les Bleuets

Conseil numéro 2 :

Choisissez quelques variétés faciles à cultiver.

Voici quelques fleurs que nous apprécions de cultiver & manger :

  • les bleuets et centaurées : la fleur en forme de pompon est aussi belle au jardin que dans l’assiette. Le goût est neutre, on l’utilise aussi bien pour décorer des salades, des bouchées apéro, des fromages frais ou encore des desserts. Quand les récoltes sont abondantes, on les fait sécher pour profiter de ses pétales l’hiver.

  • la capucine : on aime tout dans la capucine, tant ses feuilles rondes que ses fleurs aux notes poivrées (on les utilise en brochette ou fourrées au fromage frais), ou encore ses graines vertes à utiliser en pickles comme des câpres. Ultra facile à cultiver, elle se ressème seule d’une année à l’autre. Si vous ne souhaitez pas la faire monter sur un support (et/ou vous envahir), choisissez une variété naine.

  • la bourrache : avis aux aventuriers, tout est comestible dans la bourrache & ses fleurs ont un léger goût iodé. On l’adore au jardin car elle très (très très) mellifère et fait le bonheur d’insectes en tout genre dès le début du printemps.

  • les soucis : les soucis, ou calendula, apportent du soleil & de la couleur au jardin comme dans l’assiette. Le goût est neutre, la fleur s’effeuille facilement pour récupérer les pétales et décorer vos plats et salades. Si l’hiver n’est pas trop rude, ils résistent aux gelées douces et refleurissent très tôt au printemps suivant.

  • les cosmos : les cosmos forment des fleurs à grands pétales qui font des merveilles pour décorer salades et gâteaux. Ils existent dans des couleurs toutes plus belles les unes que les autres et leur goût est assez neutre, si bien qu’ils fonctionnent avec tout.

  • les tagètes ou œillets d’inde : si comme moi, vous avez une mamie qui a un jardin, vous avez sûrement déjà vu dans ses jardinières ces petites fleurs orangées. En tout cas dans notre famille, c’est une institution. Ma grand-mère réalise 500 plants chaque année (oui, oui) qu’elle repique chez elle et distribue à gogo. Ces fleurs, que je trouvais désuètes jusqu’à ce que je mette le nez dans les fleurs comestibles, sont délicieuses ! Elles ont un goût de citron et apportent beaucoup de peps à tous vos desserts (en combo avec des fraises et une chantilly à la verveine, c’est à tomber !).

  • la sauge : Sauge (salvia) officinale, sauge des marais, Hot lips… Il existe des variétés annuelles ou buissonnantes. On les aime pour leur goût sucré et leur beauté visuelle, on les associe souvent avec nos desserts. Les variétés buissonnantes comestibles peuvent être achetées en plants, elles forment un joli massif et fleurissent très longtemps !

  • les herbes aromatiques et petits légumes : et oui, on n’y pense pas toujours, mais en plus d’être délicieux en cuisine, les herbes aromatiques et petits légumes finissent par monter en fleurs ! Fleurs de romarin, de ciboulette, d’aneth, de fenouil, de sauge, de roquette, de radis, de choux, et j’en passe. Elles se plaisent dans les salades ou les fromages frais.

Les cosmos

Ici le potager en avril 2022. Au fond à gauche la bourrache plantée l’année d’avant, déjà en fleurs. Au fond à droite les choux plantés l’année d’avant et non ramassés qui sont montés en fleurs.

Au milieu sous la terre humide une rangée de tournesol. Dans le carré potager des fleurs pas trop frileuses en mélange. Et à gauche, non arrosé, une bande de faux semis. J’y ai semé en mai un second carré de fleurs.

Au premier plan du persil, petits pois & aneth. A droite de la salade en mélange.

Conseil numéro 3 :

Ne pas se presser.

Suite à un petit sondage réalisé sur instagram pour savoir quels conseils vous aimeriez recevoir, plusieurs d’entre vous m’ont demandé comment il faut s’organiser pour gérer les semis, les arrosages, les plantations, tout ça avec le boulot & la vie à côté.

J’ai envie de vous répondre : “vous avez le temps !”.

Ne vous mettez pas la pression en vous comparant à ce que vous pouvez voir sur les réseaux sociaux, chez le voisin ou dans les jardineries, ce n’est pas grave de ne pas commencer ses semis à la maison en janvier pour les planter dès que le printemps pointe son nez.

De mon côté, je sème en pleine terre en avril si les températures le permettent, ou j’attends mai pour les fleurs les plus frileuses. Pas de semis en intérieur & zéro prise de tête. Les floraisons arrivent environ 2 mois après, donc autour de juin/juillet et vous aurez des fleurs jusque novembre, voir décembre s’il ne gèle pas avant.

L’année suivante, certaines variétés seront encore en place si l’hiver n’est pas trop froid et vous aurez des fleurs dès le printemps. Alors pourquoi se presser dès la première année, il y a déjà tout à apprendre !

Conseil numéro 4

Apprendre à débuter.

Pour cultiver (avec zéro objectif de “rendement”, je reprécise), il suffit de respecter ces 5 règles simples :

  • nettoyer : nettoyer le terrain en enlevant les plantes non désirées. Je fais de mon côté un “faux semis” (ce n’est pas obligatoire, mais comme je sème tard, j’ai le temps) en nettoyant le terrain quelques semaines avant, puis j’attends que les graines d’adventices encore présentes germent et poussent dans les semaines suivantes et je nettoie à nouveau légèrement la terre sans trop la retourner.

  • semer : C’est la partie chouette. Soit vous êtes aventurier et vous mélangez vos graines pour semer à la volée et avoir des fleurs en mélange, soit vous préférez semer par variété de fleurs, dans ce cas n’oubliez pas de mettre des étiquettes avec le nom de chaque fleur.

  • arroser : cette étape dépend évidemment de la météo. Dans l’idéal, je vérifie la météo avant de semer et j’essaye de semer avant des jours de pluie fine (une pluie trop forte serait contre productive). S’il ne pleut pas, j’arrose tous les jours les semis. J’espace ensuite à une fois par semaine si ce n’est pas trop sec (il suffit d’enfoncer le doigt à quelques centimètres, et non pas en surface, car c’est là que les racines se trouvent). Dès que les plants sont bien lancés, j’arrête d’arroser, ou max 1 fois par mois si nécessaire.

  • bichonner : si vous constatez qu’un chardon, une ortie, ou autre plante non désirée pointe son nez, enlevez-les au fur et à mesure avant qu’elles ne grandissent et fassent de l’ombre à vos semis.

  • profiter : j’espère n’offusquer personne en ne rajoutant pas les étapes d’éclaircissage ou autres termes techniques ! Je ne l’ai pas fait l’année dernière ni l’année d’avant et j’ai eu des fleurs jusque décembre, alors on dira que j’ai validé le baptême, non ? Pour faire simple, une fois que vos semis ont levé & que la plante se développe, il est normalement nécessaire d’éclaircir les plants, c’est-à-dire de supprimer les plus faibles ou ceux en surnombre pour avoir des pieds plus forts qui se développent correctement. Mais si vous débutez, vous aurez sans doute mal au cœur d’arracher vos propres semis. Ne vous blâmez pas, vous ferez cette étape les années suivantes si le cœur vous en dit ;)

L’oxalys

La tartelette du jardin, qui change au gré des saisons, l’une de nos pièces cocktail préférée chez Maison Racine

Conseil numéro 5

Régalez-vous.

Cet article est déjà beaucoup trop long (si vous êtes encore là, merci d’avoir lu jusqu’au bout !) pour vous proposer des recettes.

Je vous laisse sur quelques idées rapides à faire, qui n’ont pas nécessairement besoin de recettes :

  • des glaçons aux fleurs et plantes

  • du beurre (fermier !) aux fleurs et plantes

  • du sel aux herbes et fleurs séchées

  • des sablés aux fleurs (recette ici)

  • du sirop (avec les fleurs ou plantes que vous voulez. On vous conseille de tester avec les tagètes, le lilas, ou la verveine !)

  • des tisanes, en faisant sécher naturellement vos fleurs et plantes, tête en bas dans une pièce sombre pendant quelques jours

  • des vinaigres aromatisés (prenez un bon vinaigre, comme le vinaigre de cidre que l’on propose à la boutique, bio et non pasteurisé) et faites-y macérer des fleurs de sureau ou des aromates

  • et bien sûr des salades aux mille couleurs !


Merci de m’avoir lu jusqu’ici, n’hésitez pas à partager en commentaire vos conseils ou petites anecdotes autour des fleurs comestibles, je vous lis toujours avec beaucoup de plaisir !

Rendez-vous demain dimanche 9 avril sur instagram pour un petit concours !